Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Restauration Métaphysique
Restauration Métaphysique
Publicité
6 décembre 2007

19. Essai d'anatomie de l'égalité (2)

L’égalité est une notion mathématique qui ne peut s’employer aux hommes sans un réductionnisme extrême

L’égalité se rencontre uniquement en mathématique ; elle s’exprime par la loi des nombres et elle n’exerce sa fonction que sur les poids, les mesures, et les quantités.

Pour l’employer au sujet des hommes, il faut opérer un réductionnisme aussi artificiel que radical des particularités humaines. Il faut indifférencier les hommes et les dépersonnaliser. A ce prix seul, les hommes peuvent devenir rigoureusement « égaux ». Indifférenciés, il ne reste plus que la quantité pour les différencier, les organiser et les départager: le vote à la majorité en résulte nécessairement.

Les rapports humains ne se conçoivent plus dès lors que sur le mode de l’équilibre, un équilibre de masses ; l’équilibre étant par définition « cet état d’un corps sollicité par plusieurs forces dont les effets s’entredétruisent ». Un état d’équilibre est donc un état de rapport de forces égales.

Il est intéressant de noter que dans l’idéologie marxiste - paroxysme de l’égalitarisme- le peuple est réduit à une masse physique qui, de par son poids, peut renverser l’ordre établi et ainsi « peser » sur le cours de l’histoire.

Égalité et équilibre vont de pair. Egalité et rapports de force vont de pair. Il en résulte selon Gustave Thibon, dans L’équilibre et l’harmonie (1976), un ordre social intrinsèquement conflictuel et violent : « D’où le conflit, érigé en loi permanente des sociétés, la généralisation de la violence qui devient de plus en plus le seul moyen de se faire entendre et d’obtenir satisfaction. »

L’harmonie exige l’inégalité, l’égalité ne permet de concevoir que l’équilibre

Dans un dialogue que Victor Hugo imagine entre deux réformateurs sociaux. A celui qui prône l’égalitarisme, l’autre répond ceci: « Au-dessus de l’équilibre, il y a l’harmonie ; au-dessus de la balance, il y a la lyre. » [1] L’harmonie comme le rappelle Gustave Thibon (1976) se définit comme « l’agencement entre les parties  d’un tout, de manière qu’elles concourent à une même fin. » En revanche, « La balance n’enregistre que des rapports liés à la pesanteur. L’harmonie, au contraire, exige l’inégalité. Chaque corde de la lyre émet un son différent, et c’est la juste proportion entre ces sons qui fait la beauté de la musique. Il ne s’agit plus de forces opposées qui s’annulent réciproquement, mais d’un accord interne, d’une convergence spontanée entre des éléments qui échappent à la pesanteur. (…) Dans l’équilibre les quantités se font contrepoids ; dans l’harmonie les qualités se complètent.»

Gustave Thibon (1976) rappelle utilement que, dans le langage courant, « on parle d’équilibre ou de contrepoids lorsqu’il s’agit de forces qui non seulement ne sont pas accordées entre elles, mais s’opposent les unes aux autres. »

On ne peut alors que déplorer avec Thibon que : « La grande tare de notre vie politique, sociale et économique, c’est que tout y dépend de l’équilibre beaucoup plus que de l’harmonie. (…) Dans un tel climat, l’inégalité – qui par elle-même, est un facteur d’harmonie – engendre fatalement le déséquilibre. Car l’équilibre n’est qu’une discorde latente et contenue qui tourne au conflit ouvert dès qu’une force en jeu l’emporte sur l’autre. » [2]

Dans ce contexte, les responsables politiques ne sont que des équilibristes qui s'efforcent de contenir la discorde et non des « harmonisateurs » qui assurent la concorde, c’est-à-dire qui agissent sur les forces sociales comme un bon accordeur sur les cordes ou les touches d’un instrument de musique en les réglant de telle façon que chacune donne la note juste dans le déroulement de la mélodie.

L’équilibre ne peut produire l’harmonie sociale

Comme le souligne Thibon (1976), « Dans l’ordre social, l’équilibre ne suffit jamais à produire l’harmonie. Mais par contre, l’harmonie suffit toujours à établir l’équilibre, car alors les individus et les groupes, au lieu de s’affronter dans un antagonisme stérile, conjuguent leurs forces dans la recherche et au service du bien commun. »

[1] Cité par Gustave Thibon (1976), L’équilibre et l’harmonie, Fayard, p.88.

[2] Gustave Thibon (1976), op.cit. p.88.


Publicité
Publicité
Commentaires
E
Dis moi Perdican, aimerais tu tellement l'harmonie que tu sois maintenant Jintaoiste ? Ou es tu seulement un admirateur de Jean Pierre Raffarin ?
Publicité